LES régionales, comme d’autres élections, auront donné des résultats totalement imprévus. En premier lieu le niveau de l’abstention, bien en dessous de ce qui était attendu. Quant à la très forte poussée en faveur du PS et de ses alliés, même perceptible dans les derniers jours de la campagne, personne n’avait imaginé un tel raz-de-marée. Sur le fond, cela signifie un rejet massif du libéralisme gouvernemental et des plans du Medef. le désir de sanctionner clairement Raffarin/Chirac s’est donc traduit par un vote « utile » en faveur du parti qui pouvait être l’instrument de cette volonté. Dynamique d’autant plus forte que pour de nombreux électeurs, il fallait effacer à tout prix le traumatisme du 21 avril 2002, même si le mode de scrutin ne pouvait reproduire une telle situation. Ce mécanisme a d’autant plus été renforcé que la plupart de ces mêmes électeurs n’avaient qu’une vue très approximative du mode de scrutin.

Toujours est-il que pour la première fois depuis 1981, la gauche est majoritaire - grâce à un déplacement des voix voisin de 5 % - alors qu’elle tournait autour de 45 % depuis pas mal de temps.

C’est d’ailleurs pour cette raison que le FN, qui poursuit son enracinement, en particulier en milieu rural, n’a pas réellement profité du discrédit du gouvernement.

Dans les conditions d’une telle déferlante en faveur du PS et de ses alliés, comment apprécier le score de nos listes ? Une certaine déception, sans aucun doute, dans la mesure où les sondages donnaient le plus souvent de 6 à 7,5 %. Mais au bout du compte un résultat honorable compte tenu de la pression très forte en faveur du vote utile : à environ 5 % et plus de un million de voix, on peut considérer que la LCR et LO ont préservé par leur alliance électorale un capital électoral et un espace politique non négligeable. Pour dévaloriser le sens de ce score, la plupart des médias l’ont comparé aux plus de 10 % de Laguiller et Besancenot à la présidentielle. Ce score exceptionnel est un plafond et ne correspond pas au niveau d’enracinement électoral réel de la LCR et de LO. La meilleure preuve est qu’un mois après ces présidentielles, les législatives ont donné une moyenne nationale des candidatures LO et des candidatures LCR inférieure à 3 %. Ainsi, pour les 26 circonscriptions de Midi-Pyrénées, la LCR faisait 2,16 %, LO 0,93 %, le PC 3,73 %, et les Verts 2,76 %. Enfin, si la LCR n’avait pas fait alliance avec LO, et vu le coût exorbitant de la campagne, nous n’aurions eu la possibilité de nous présenter que dans la moitié des régions (LO partout) et il serait apparu une moyenne nationale de la LCR sans doute inférieure à 2 %. Si on regarde plus en détail les scores dans la région, il est clair que nous avons touché un électorat populaire. les meilleurs scores sont dans les zones à fortes traditions ouvrières telles les Hautes-Pyrénées (6,2 %), Aureilhan (10,21 %), Millau (6,38 %), les bassins de Decazeville et de Carmaux (entre 8 et 10 %). Par contre les scores ne sont pas très bons à Toulouse et dans certaines villes de l’agglo, malgré quelques résultats intéressants (Mirail, Papus, Colomiers, Bagatelle). Il est clair que la liste « Alternative en Midi-Pyrénées », qui réalise ses meilleurs scores dans l’agglo toulousaine, a été pour beaucoup dans la faiblesse de nos suffrages dans cette zone. Il est à noter que cette liste, avec 8,3 % est très loin de l’objectif des 12 à 15 % qui était claironné, et ne fait guère mieux, et souvent moins, que les listes des Verts ailleurs. Si cette comparaison s’impose, c’est que les Verts ont constitué l’épine dorsale politique et matérielle de cette liste qui n’aurait pu se faire sans eux. Quant au PCF, s’il est vrai que sa politique à géométrie variable lui a plutôt réussi pour les régionales, il convient de noter que pour les cantonales, il est en recul de deux points au plan national, recul assez important qui n’a pas échappé aux responsables les plus avisés de ce parti.

En Midi-Pyrénées comme ailleurs, la LCR et LO se retrouvent sans élus, à cause d’un mode de scrutin conçu pour éliminer les petits partis. L’expérience accumulée en six ans de mandat à été précieuse pour la LCR et lui a permis de se renforcer, tant au plan local que national. Ce capital ne sera pas dilapidé car nous avons décidé de continuer à suivre les dossiers du conseil régional. Cela correspond à l’attente de militant-e-s, de syndicats et d’associations qui ont apprécié pendant six ans le travail des élus 100 % à gauche.