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« victoire »

Garantir l’avenir de la recherche publique

Jean Olivier

PARMI les luttes de l’hiver 2004, celle pour « Sauver la Recherche », passe pour avoir pleinement contribué à l’échec cinglant du gouvernement aux élections régionales de mars. En outre, elle a abouti à une totale victoire apparente : le 7 avril, François Fillon, nouveau ministre de l’éducation nationale et de la recherche annonçait l’entière satisfaction - ou presque - des « mesures d’urgences » revendiquées dans la pétition du collectif « Sauvons la Recherche » (SLR) depuis le mois de janvier [1].

Dans ce milieu extrêmement individualiste où le travail est flexibilisé depuis longtemps et où la concurrence occupe au quotidien les laboratoires (courses aux subventions, aux contrats privés, aux emplois, à la renommée...), une telle « victoire collective » est remarquable. En effet, par contraste, quand, il y a deux ans, le budget de la recherche publique avait baissé de plus de 30 %, les seules réactions furent des railleries dans les couloirs sur l’incompétence de la nouvelle ministre d’alors, Claudie Haigneré...

Des atouts indéniables

Cette année, la mobilisation a su aller chercher les chercheurs/ses dans leur retranchement. Les initiateurs de la pétition ont mis à profit les connexions Internet et le rituel matinal d’ouverture du courrier électronique - que l’on fait suivre à ses collègues - pour nous placer devant le nez et propager en quelques semaines un texte suffisamment large pour rassembler des dizaines de milliers de clic, soit autant de signatures. Le succès de la pétition a très vite entraîné une mobilisation de rue. A Toulouse, on a vu des manifestations avec plus de 800 personnes dès le 29 janvier, 1200 le 5 mars... 10 000 à Paris le 19 mars ! Les cortèges, très jeunes, étaient chargés de symboles : blouses blanches, chaînes humaines rejoignant l’hôpital, nombreuses pancartes et dessins humoristiques... Le sujet médiatique était donc tout trouvé. Le ton fut donné par la revue scientifique anglaise Nature [2] dans un édito rappelant à Chirac, en le ridiculisant, sa promesse électorale non tenue de consacrer 3 % du PIB à la recherche. Les journalistes français qui oublient de faire ce travail plus souvent, et pour tout l’échiquier politique, ont ici vite relayé le thème. Les médias ont ainsi amplifié un large soutien de « l’opinion », attachée à une recherche indépendante de qualité. Même une « agent immobilier », gêné de le dire, ou des « électeurs de droite », croisés place du Capitole lors d’une après-midi « signatures », souhaitaient souligner l’irresponsabilité du gouvernement, la recherche étant « trop importante pour être laissée au jeu des intérêts privés » !

Des limites à surveiller

Paradoxalement lancée par des « pontes » de la recherche médicale qui fonctionne déjà beaucoup par et pour le privé, cette mobilisation recelait bien sûr des limites. Sans auto-organisation à la base ni démocratie, les initiateurs nationaux avaient chargé leurs représentant-e-s locaux/les, des « chercheurs/ses seniors », de rencontrer la hiérarchie pendant que des jeunes - thèses, CDD... -, s’occupaient pour leur part de la pétition de rue. Cet élitisme a pesé très lourd : la décision - par vote, pour le coup - de démission collective des directeurs/trices de laboratoires, le 9 mars, a cristallisé tout le rapport de force. Elle n’a pas été suivie des faits et a laissé désemparé-e-s les chercheurs/ses en lutte. Si elle a permis un apogée dans la médiatisation de la colère du monde de la recherche, elle a aussi signé la fin de la mobilisation de masse et un transfert intégral du débat - que le PS, ses alliés et même l’UDF, ont pu récupérer - sur la campagne électorale. La concession du gouvernement est donc apparue comme un effet différée. En plus du seul camouflet électoral, peut-être que la mobilisation naissante chez les étudiant-e-s - postes au Capes, Staps, réforme LMD... -, pouvant embraser les campus en impliquant les enseignant-e-s chercheurs/ses, a précipité cette annonce un peu inespérée. Or, un autre point mérite attention. Lors des conférences de presse de SLR, le Medef était invité... et pas toujours les syndicats. Sans faire de procès d’intention, remarquons aussi que le communiqué de « victoire » de SLR au soir du 7 avril, parlait d’un accord avec le gouvernement sur la nécessaire « refondation » de la recherche. Le Medef et sa « refondation sociale » se serait-il payé, via le gouvernement, une invitation dans le monde universitaire en cédant en apparence à cette mobilisation pour Sauver la Recherche, pas sauvée pour un sou ?

Quelle suite ?

Cette lutte a donc su utiliser des outils modernes pour gagner en ampleur et popularité, mais a aussi embrouillé les pistes. Or, si l’hémorragie des emplois a bien été stoppée - par le bradage du stock d’or de l’Etat ! -, les syndicats de ce secteur restent quasi atones. Si cette incapacité à apporter des repères et perspectives de mobilisation contre la lame de fond libérale persistait, elle pourrait entraîner de fortes déceptions, désastreuses dans un milieu jeune qui commence tout juste à se re-mobiliser. Nous devons donc, à notre avis, plus que jamais mener une bataille au travers des syndicats pour l’emploi public et la redéfinition des services publics, notamment celui de la recherche qui modèle aujourd’hui la société de demain. Jean Olivier




[1] 1. 1550 postes, des rattrapages de budgets non versés, et l’ouverture d’« Etats généraux » de la recherche.

[2] « Time for a French revolution » [L’heure d’une révolution française], Nature, 11 mars 2004, vol. 428 no 6979 ; voir aussi la revue américaine Science, 13 février 2004, vol. 3003, « The Winter of Discontent » [L’hiver du mécontentement].



Lundi 7 juin 2004 par admin


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